Karim Djoudi, ministre en charge de la réforme financière, est certain qu’une convertibilité totale du dinar est une opération «très risquée» pour l’économie algérienne.
Intervenant hier sur les ondes de la Chaîne III, il a considéré que le passage de la convertibilité courante à celle totale ne peut se faire «sans que la bonne tenue des indicateurs macroéconomiques soit confirmée sur d’autres exercices : une stabilisation des réserves de changes ainsi qu’une diversification des revenus internes et externes». Le dossier de la convertibilité du dinar n’est donc pas à l’ordre du jour de l’équipe gouvernementale qui semble sur la même longueur d’onde que son chef, Ahmed Ouyahia. Il affirmera également que la bonne tenue du marché pétrolier ainsi que la politique de désendettement ont permis aux réserves de changes de l’Algérie d’atteindre 61 milliards de dollars. Par ailleurs, le ministre délégué a fait le tour des différentes actions en vue de la modernisation du secteur bancaire et des assurances, ainsi que des marchés financiers. Pour Karim Djoudi, la réforme financière est un processus continu. Il expliquera qu’un constat a été établi en 2004 et qu’une feuille de route a été élaborée. Par la suite, le ministère dont il a la charge s’est attelé à mettre en place un nouvel arsenal juridique et à impliquer tous les acteurs concernés par la réforme, que ce soient les banques, la poste ou les télécommunications. Les actions devraient permettre de mettre en place le système de paiement de masse dans un délai maximum de 10 semaines. Le système est actuellement dans une phase de tests. Il aura fallu pour atteindre ce stade, la réalisation de 240 tâches, et la volonté des différents acteurs a permis de réaliser en deux années et demie ce que d’autres pays ont mis 5 à 7 ans à réaliser. Au sujet de la privatisation du Crédit populaire d’Algérie, le ministre semble optimiste. Il affirmera que plusieurs grandes banques européennes sont intéressées par une prise de participation dans le capital de la banque publique qui représente 12% du marché. Il affirmera que le nom du repreneur sera connu durant le 4ème trimestre de l’année en cours. Cette opération réussie, la Banque de développement local fera l’objet d’une privatisation. Le ministre n’a pas exclu l’ouverture du capital des autres banques publiques qui représente 95% du marché. Il le conditionnera par la situation économique et financière qui prévaudra au moment M. Le ministre reviendra sur la mise en liquidation de plusieurs banques privées. Il dira que l’appréciation qui est faite de ces mises en faillite est que le contrôle effectué par la Banque d’Algérie est rigoureux, réfutant ainsi une perception négative de la place d’Alger. Par ailleurs, le ministre considère que la faiblesse du stock des crédits alloué à l’économie est due à celle de la demande de financement solvable, et se montre optimiste en considérant que des correctifs interviendront dans les années à venir. Concernant les scandales qui ont secoué les banques publiques ces dernières semaines, Karim Djoudi estime que les correctifs se feront avec la mise en place des structures d’audit et de contrôle interne. Le ministre semble optimiste quant au devenir des réformes et espère que les clients des banques pourront constater les changements dans les semaines prochaines.