Sans pour autant que cette activité rurale se confonde avec le métier de bûcheron, c’est une activité d’appoint que les habitants des zones les plus reculées pratiquent en période hivernale pour se procurer le bois de chauffage, le combustible ordinaire, nécessaire à la cuisine des bédouins et aux éleveurs.
A l’approche de l’hiver, les chefs de famille procèdent au repérage des endroits les mieux fournis en bois mort, notamment pendant les journées de chasse ou lors des parcours des troupeaux en pacage, pour permettre aux habitants de ramasser ce bois en formant de grosses meules, en attendant leur acheminement vers les foyers de ces régions déshéritées. Les visiteurs des oasis de Saâda, Aïn Diab, Besbès, Lemouisset, Beni Souik, Louledj, Aïn Zaâtout, Djemina, M’chounèche peuvent à loisir admirer le spectacle de ramasseurs de bois, s’affairant dans ces régions ou encore, dans les lits d’oued où les crues ont charrié des quantités importantes de troncs, de racines et de perches sèches, notamment à Branis ou en aval de l’oued Abdi. Selon la direction de la planification et de l’aménagement, les localités isolées des communes rurales abritent encore 40% de la population de la wilaya de Biskra, évaluée à plus de 700 000 habitants. La présidente de l’Association de la wilaya de Biskra pour la promotion de la femme rurale souligne que le bois mort ramassé par les habitants constitue pour le moment l’unique combustible disponible, aussi bien pour le chauffage que pour la cuisson. Le bois mort, les buissons et autres branchages ramassés par les habitants de ces campagnes arides constituent non seulement un combustible pour les usages quotidiens de la vie domestique, mais servent également à la confection des enclos des zéribas où sont parqués les troupeaux pour la nuit. Dans les zones de ramassage les plus éloignées, le transport des fagots de bois mort s’effectue encore à dos d’âne ou de mulet, mais également à l’aide de camions, lorsque ces moyens de transport modernes sont disponibles. Actuellement, dans de nombreux centres d’habitation et de chefs-lieux de commune, les populations ont tendance à abandonner l’usage du bois mort au profit du gaz butane et même du gaz de ville dont le réseau est en pleine extension dans les villages les plus reculés. Hadj Kouider est un vendeur de bois dans le marché de Tolga. Il a indiqué que ce commerce a encore de beaux jours devant lui, en dépit de « l’introduction du modernisme, car la vie rustique des campagnes éloignées garde un attrait pour de nombreux ruraux et bédouins ». Le président de la ligue de la wilaya de Biskra des jeux traditionnels, M. Maâmri, abonde dans le même sens soulignant qu’une réunion familiale autour d’un feu de bois est un « plaisir que beaucoup de nos concitoyens des campagnes n’échangeraient pas contre le chauffage moderne ». « La fumée qui monte au-dessus de l’âtre d’une kheïma constitue encore pour les nomades le symbole de leur hospitalité légendaire », soutient-il.