La nouvelle est confirmée. Coupée. Recoupée. Et certifiée par le tout-puissant ministère de l’Energie : on vient de découvrir un nouveau et énorme gisement de gaz dans notre désert. Voilà ! C’est reparti comme en 40. L’outil de production attendra encore. Les investissements productifs attendront. Les recettes hors hydrocarbures attendront. Et l’autosuffisance alimentaire par le développement de notre agriculture attendra également. Alors que nous pensions que nos réserves de pétrole et de gaz ne passeraient pas le siècle, nous revoilà relancés dans le club privilégié et très fermé du farniente, de la consommation mécanique des recettes énergétiques et de l’immobilisme. En soi, c’est une bonne nouvelle. Pourquoi changer une recette qui gagne ? L’Algérie n’avait pas d’idées, mais du pétrole. Elle va pouvoir continuer à défendre bec, ongles et coffres-forts cette doctrine. Nous pas bouger ! Nous attendre que pétrole et gaz se vendent pour remplir caisses. Aujourd’hui, 61 milliards de dollars. Demain 200 milliards. Dans une semaine 300. Et dans un mois, les pétroliers prospecteurs — que Dieu leur accorde longue vie à eux et à leurs foreuses — nous annonceront la découverte d’un autre gisement majeur de pétrole ou de gaz. Elle est pas belle, la vie ? Pas pour tout le monde, je vous l’accorde. Mais ne faisons pas non plus nos mijaurées et ne boudons pas le plaisir de ceux qui se partagent réellement la manne pétrolière. Je suis convaincu que le Dom Pérignon subtilement frappé a dû couler à flots dans les demeures de ceux qui sont censés réfléchir, concevoir et concrétiser notre bonheur. Il y a effectivement de quoi s’enivrer à l’évocation des chiffres à multiples zéros qui vont s’abattre sur leurs comptes «Caïmanais» et «Vierges». Si, dans la foulée, des gouttelettes de gaz pouvaient, au passage, juste au passage, nous mouiller légèrement, comme par accident, le consensus historique qui nous lie à eux depuis près de 50 ans n’aura pas de raison d’être véritablement rompu. «Rechounna bark un p’tit chouïa !». Je fume du thé et je reste éveillé, le cauchemar continue.