Tout Etat qui manifesterait son intention de se rapprocher de l’Algérie par l’institutionnalisation des relations, autant par un traité d’amitié que par un accord de partenariat stratégique, devrait prendre en compte une donnée fondamentale, à savoir que l’Algérie ne marchande pas ses valeurs et n’accepte pas que tous les sacrifices qu’elle a consentis pour recouvrer son indépendance soient décrédibilisés par l’idée qu’elle a combattu une œuvre civilisatrice.
La France était pourtant bien placée pour évaluer l’importance que l’Algérie porte à sa dignité et à son passé, assez pour comprendre que le traité d’amitié pourrait être facilement mis en péril si la conviction n’est pas à la garantie que le peuple français ne se démarque pas du passé colonial de son pays. Ce ne sont pas tous les Français qui se glorifient d’avoir «civilisé» les peuples colonisés, puisque nombre d’entre-eux avaient soutenu la lutte du peuple algérien pour son indépendance, soit par un concours direct, soit par des prises de position courageuses à l’époque.
La confiance qui avait résulté des relations entre les deux chefs d’Etat, français et algérien, avait atteint un sommet jamais accédé auparavant et elle promettait un cheminement sans «histoire» jusqu’à la signature du traité d’amitié Quelle mouche avait alors piqué les parlementaires français pour estimer qu’ils devaient risquer de mettre en danger le rapprochement entre les deux pays et de parasiter ainsi la politique extérieure du président français, car il s’agit bien d’un parasitage opéré en plus par le parti du Président et non pas par l’opposition à ce dernier.
Une lecture plus approfondie des raisons d’un tel parasitage devrait s’opérer pour savoir si l’adoption de cette loi relève d’un différend interne et peut-être même politicien et non pas politique ou alors si cela concerne le tracé du cadre dans lequel devrait s’opérer la signature du traité d’amitié.