A Tripoli, les anneaux d’or étaient le privilège des princesses de sang et, à l’époque romaine, seules les courtisanes les portaient. On leur trouva même un côté pratique ; les danseuses égyptiennes en mettaient plusieurs et s’en servaient pour accentuer le rythme de la danse, comme on le fait avec les castagnettes, pour le flamenco.
Cet anneau de pied en or massif ou en argent, improprement appelé bracelet de pied, s’est généralisé en Algérie. Les femmes le portent comme ornement, à la cheville, retombant sur le talon. Il existe deux variétés de ce bijou : le «Redif», plein et aplati ; il est souvent porté au-dessus du khalkhel qui, lui, est généralement rond et creux.
Ces bijoux de pied ont charmé les femmes maghrébines pendant de siècles, ce qui incita les bijoutiers à créer plusieurs modèles de différentes matières. Ainsi, on trouve :
«Khalkhel bel-felia» ; fait en argent avec dorures et dessins.
«Khalkhel benouti» ; que les fillettes portent, à raison de deux à chaque cheville.
«Khalkhel bel-selsela» ; fait en or ou en argent ; il est composé de deux parties réunies par une chaîne.
«Khalkhel debbah» ; carré ou rond, il est creux et enserre étroitement la cheville.
«Khalkhel menfoukh» ; fait en or ou en argent, il est creux et ses extrémités sont garnies de deux grosses boules (son nom «menfoukh» signifie enflé).
«Khalkhel sébiani» ; petit anneau porté par les garçons. Ils en mettaient trois au pied droit et deux au pied gauche.
Les Algéroises, tout particulièrement, n’étaient pas insensibles à l’esthétique de ce bijou, qui révélait la beauté de leurs chevilles et a fait leur spécificité, comme le dit le proverbe : «Bent el-kaâ ouel bâa ouel khalkhel mrabâa», faisant allusion à la posture de la vraie algéroise qui s’asseoit sur le sol, les jambes croisées et ornées de khalkhels.
L’anneau de chevilles était, comme tout bijou, un objet de séduction. En effet, en faisant tinter les deux bracelets l’un contre l’autre en marchant, la femme attirait l’attention masculine. Aussi, malgré la position de l’islam face à cette attitude (Sourate 24, verset 31) : «Qu’elles ne frappent pas avec leurs pieds de manière que leurs ornements cachés soient connus», la femme ne s’est pas interdit le port du khalkhel, étant donné qu’elle ne sortait presque pas ; c’était, en quelque sorte, le seul « péché » qu’elle pouvait se permettre à l’intérieur de sa maison.