Son nom arabe signifie « cinq ». Le chiffre cinq qui sert à désigner les cinq doigts de la main ouverte, passe pour avoir la propriété de neutraliser l’effet nuisible de l’œil d’un ennemi. Il est représenté sous différentes formes telles que bijou en or ou en argent ou, tout simplement, de dessin.
Dans le passé, il n’était guère de maison où l’on ne retrouvait cette main levée, qui conjure le mauvais œil contre lequel le Prophète lui-même a mis en garde. En effet, ce motif, ou plus exactement cette amulette, était souvent représenté soit à l’intérieur sous forme d’image cadrée d’une main, à laquelle est associé un œil – lequel est un vieux talisman de l’Orient antique et qui conjure lui aussi le mauvais œil – stylisé sous forme de cabochon au centre de la paume ; soit à l’extérieur, au-dessus de la porte d’entrée, sous forme de peinture, constituée de cinq lignes, dont une plus courte que les autres pour le pouce, entées à angle droit sur une sixième ou, alors, sous la forme plus élaborée d’une main en cuivre portant, gravés, quelques versets coraniques (Ayate El-Khoursi de sourate El-Bakara) ; parfois, même, sous forme d’une empreinte laissée par une main trempée dans de la chaux, sur un mur.
Nombreuses sont les personnes qui attribuent l’origine de la khamsa à la religion. Certaines associent les cinq doigts aux cinq principaux piliers de la foi islamique. D’autres prétendent que les doigts indiquent les cinq prières quotidiennes. Mais, la khamsa est d’origine antique, puisqu’on la retrouve gravée sur les stèles de Tyr et de Carthage, à côté des rosaces et du croissant, dans les vieilles maisons des civilisations successives de la Méditerranée. On la retrouve aussi grossièrement gravée sur les tombeaux phéniciens ou libyens trouvés en Afrique, particulièrement ceux de Ouled Fayet, conservés au Musée d’Alger et de Beni-Salah. Et même, paraît-il, en France sur les monuments celtiques de Bretagne. Les Grecs et les Romains croyaient, eux aussi, au mauvais œil et pensaient que son influence se faisait sentir jusque sur les animaux et, ils tentaient de s’en préserver à leur manière.
«Le mauvais œil» - terminologie spécifiquement méditerranéenne - que les gens craignent, était reconnu dans l’Antiquité comme étant le fait volontaire ou involontaire de certains sorciers, dont le regard porte malheur ; il allait même jusqu’à tuer la personne sur laquelle il s’attardait trop longtemps. On raconte qu’il y avait aussi des femmes qui donnaient la mort d’un seul regard à celui qui a eu l’infortune de les mettre en colère. Au Moyen Age, dans les procès de sorcellerie, il était souvent question de brûler vives de malheureuses victimes, car on était convaincu qu’elles avaient le mauvais œil.
Aujourd’hui, les gens croient de moins en moins à ce talisman en forme de main, bien qu’on le retrouve encore comme bijou dans certaines parures, sous forme de pendentif ou de broche sertie de perles, transmises sans doute en héritage des vieux parents. Mais, sans connaître son histoire légendaire et, parfois, sans croire vraiment à son efficacité, on use encore et toujours de la formule péjorative mais pittoresque : «khamsa fi aïnik» qu’on peut traduire par «cinq dans ton œil», c’est-à-dire les cinq doigts prêts à s’enfoncer dans les yeux de l’ennemi. Ou alors l’expression, «khemousse alik», «cinq sur toi», qui est, dans ce cas, une protection souhaitée par une personne amie. Cela prouve que malgré le délaissement de la khamsa, symbole matériel protégeant du mauvais œil, il reste toujours la croyance superstitieuse qui s’y rapporte.