Quand on évoque le terme « fouta » on ne désigne pas toujours la même chose. En effet, le sens de « fouta » est différent pour deux personnes appartenant à deux origines différentes. Même si l’utilité de l’objet n’est pas semblable, tout le monde s’entendra à dire qu’une « fouta » est une pièce de tissu dépourvue de couture. Ce peut être une serviette, un linge de bain, un genre de « haïk », un tablier ou même un drap.
En fait, l’une des premières formes qu’a prise la « fouta » est le pagne, c’est un morceau d’étoffe dont on se couvre de la ceinture aux genoux. Cette pièce primitive a fait son apparition dans le Nord africain plusieurs siècles avant l’arrivée des phéniciens. Elle était constituée de pièces réduites de forme rectangulaire rassemblées les unes aux autres par des coutures. Ce qui lui donnait la forme d’une étoffe à rayures et qui fut appelée, suite à l’expansion de l’Islam, « fouta » dérivé du mot « futa » d’origine indienne (de l’Inde).
D’une simple pièce primitive, la « fouta » est passée à une pièce de fantaisie faite de soie à rayures harmonieuse de teintes raffinées alternées à des rayures dorées ou argentées. Rayures auxquelles on attribua le symbole de protection contre le regard masculin pour les pudiques et contre le mauvais œil pour les superstitieuses.
En effet, la « fouta » faisait partie intégrante de la tenue traditionnelle de l’ancienne Algéroise d’origine andalouse, celle-ci la portait habituellement avec le chemisier et la « ghelila » (gilet) à la taille en la nouant par-devant ou la retenant par une « mhezma » (ceinture) sur le « seroual » (forme de pantalon) ce qui accentuait ses formes féminines. Par les temps de grande chaleur, l’ancienne Algéroise se suffisait de ce grand foulard de soie pour couvrir ses membres inférieurs. C’est dire qu’il était quasiment considéré comme un vêtement dont la femme se paraît en toutes circonstances.
Avec le temps et l’évolution du costume féminin, la « fouta » disparut complètement et ne fut gardée d’elle que la forme pratique d’un linge de bain. Elle qui à l’époque était considérée comme le symbole même de la fécondité par la manière de la porter autour de la taille. La jeune mariée, par exemple, devait la garder sur elle jusqu’au septième jour des festivités, période à laquelle elle s’apprêtait à accéder à une vie supérieure, celle de la maternité.
Pourtant, on ne manque pas de la voir parfois portée fièrement et joliment par certaines dames kabyles, d’un âge respectable, qui ont su malgré le temps qui passe la conserver et l’imposer en tant que pièce majeure de leur tenue traditionnelle et nous rappeler le côté attrayant de cette étoffe.