La vannerie remplace la poterie chez le nomade, qui utilise l’alfa, le palmier nain… pour confectionner bon nombre d’ustensiles nécessaires à ses besoins, tels que : les entonnoirs, les plats, les corbeilles, les tamis…
En principe, aucun des accessoires de la tente ne doit être en bois ou en fer; à l’exception des montants et des piquets, tout doit être fabriqué en vannerie (alpha) ou en sparterie (diss) et tout doit être fait à la main, promptement, en tous lieux et par chacun. Tous les objets réalisés doivent être portatifs et, quand ils viennent à manquer, il faut qu’on puisse les remplacer sur-le-champ. Telles sont les nécessités de la vie errante.
Le palmier, maintenant très répandu dans les régions telliennes plus particulièrement, constitue une source de matière première pour l’industrie du crin végétal mais, il est surtout utile à l’artisanat. Avec ses feuilles séchées ou mouillées, on façonne de nombreux objets utilitaires: nattes, paniers, cordes, destinés à garnir les sièges et dossiers de chaises ainsi qu’à des usages divers, agricoles et autres: chapeaux de soleil, balais, etc…
La feuille de palmier qui doit être employée pour la sparterie est détachée de sa tige, exposée durant huit jours au soleil puis plongée dans l’eau, retirée et, de nouveau, soumise à l’action des rayons du soleil. Avant qu’elle ne soit entièrement séchée, on la roule entre les mains. Les ouvrages fabriqués en sparterie sont de formes diverses, selon les pays, selon les matières employées. Cependant, il est possible de les ramener à des types principaux, qui sont les suivants :
Le keskès : sorte d’entonnoir employé pour la préparation du couscous.
Le tebak : plateau sur lequel on offre les dattes ou la galette. Les tebaks les plus élégants sont fabriqués en entremêlant les feuilles de palmier de morceaux de drap rouge, bleu, etc… taillés en lanières étroites.
La guernana, ou guernina : grande jatte goudronnée, ( enduite de kotrane : goudron ) de la contenance d’un litre, qui sert au moment de la traite des chèvres et des brebis.
La bakbaka : gargoulette goudronnée, pouvant contenir environ deux litres.
Les fibres de l’alfa sont également utilisées dans la confection de nombreux articles. En effet, les tiges d’alfa sont cueillies au printemps, au moment où elles sont encore tendres. Elles sont ensuite ouvertes au-dessus d’un feu assez vif, puis travaillées. On en fabrique des articles d’usage courant et, plus particulièrement, des nattes ou des tapis tissés, qui servent à recouvrir le sol des maisons et des tentes. Certaines nattes sont confectionnées de la même façon que le tapis sur métier haute lice. La chaîne (fils verticaux) est formée par la bourre de palmier nain, laquelle est filée de la même façon que la laine. La trame (fils horizontaux) est constituée par de l’alfa, roui et battu au maillet. L’alfa avait aussi servi, autrefois, à la confection de chaussures telles que la «pantoufle d’alfa», entièrement fabriquée d’alfa tressée. Cette pantoufle était portée par les habitants des Hauts-Plateaux, comme dans les régions de Tiaret et des Aurès.
Les branches d’osier permettent de produire des corbeilles, des chaises, des valises, des berceaux pour bébés, de petites tables et d’autres articles de faible valeur, tels que les corbeilles pour fruits et les paniers.
Il est évident que les artisans de la vannerie et de la sparterie sont confrontés à des difficultés. En ce qui concerne la vannerie, les prix élevés de la matière première de qualité et l’approvisionnement en raphia posent des problèmes. Ceci décourage la reprise de ce métier artistique qui était pratiqué, traditionnellement, dans les familles et n’assure pas la perpétuation de cette activité. Néanmoins, avec la modification de la production, qui s’est adaptée aux exigences de la vie actuelle, on peut constater que la clientèle continue à apprécier ces objets confectionnés de matières nobles ; en effet, la beauté et l’originalité restent, en dépit du temps et de la cherté, des valeurs sûres.