Encore une agression contre ce pays
Je pensais le sens de l’adjectif «troublé» définitivement arrêté. On se dit troublé lorsqu’un phénomène que l’on observe, qui se produit devant soi provoque un sentiment ambigu, ambivalent, difficilement définissable du premier regard, sujet à polysémie ou tout simplement pas clair d’emblée. Depuis la déclaration faite hier vendredi par Bush Junior, le «Big Bang Crazy US», je suis bien obligé de revoir mes définitions du mot «troublé». Eh oui ! Au bout de deux semaines de frappes israéliennes sur et contre le Liban et la Palestine, le chef des Américains a commis cette énormité devant des centaines de micros et de caméras du monde entier : «Je suis troublé face à l’ampleur des destructions causées par les bombardements israéliens. » Purée ! Y a des centaines de morts civils. Y a les trois quarts des ponts libanais qui ont été pulvérisés. Des ministères ont été réduits en poussière. Des infrastructures aéroportuaires inutilisables. Des villes et villages coupés du reste du pays. Des quartiers totalement rasés. Des réseaux d’eau, d’électricité, de gaz, de téléphone ou d’eaux usées à reconstruire complètement, des crèches, des écoles, des universités, des hôpitaux, des usines à rebâtir et Bush se dit «troublé». Que faut-il au président US pour que sa sensibilité de patron du monde libre daigne enfin passer du stade du trouble à celui de la préoccupation sérieuse, ensuite à celui de l’inquiétude et peut-être enfin à celui de l’indignation (ne rêvons pas) ? Que Beyrouth ressemble à Dresde ? Que les deux derniers citoyens libanais et palestiniens soient exhibés sur CNN comme une curiosité, la preuve par deux que ces deux peuples ont bel et bien existé avant le nettoyage ethnique méthodiquement organisé par Israël ? Voyez-vous, moi, ce qui me «trouble méchamment», c’est qu’autant de pouvoirs aient été mis entre les mains d’un «m’zelef» pareil. Je fume du thé et je reste éveillé, le cauchemar continue.