Elles sont des dizaines de «diseuses de bonne aventure», Gitanes établies depuis 1950 en Algérie et vivant dans des bidonvilles. Des antennes paraboliques et des voitures de marque peuvent se voir dès l’entrée de ces bidonvilles et baraquements, au milieu desquels des enfants jouent au ballon.
Dans la tradition de cette communauté, les maris ne travaillent pas. Leur rôle se limite à s’occuper de leurs enfants, surtout les filles, appelées à prendre la relève de leur mère en devenant, elles aussi, des «diseuses de bonne aventure».
Habitant là depuis des décennies, ces gitanes disent la «bonne aventure» dans des artères très fréquentées de la capitale. Ainsi, on les rencontre dans la rue, où elles interpellent les passants. Appelées communément «guezanates» par les citoyens, elles «lisent» et «étudient» les lignes de la main, moyennant une somme d’argent variant entre 50 et 100 dinars.
Etablies en Algérie, comme indiqué plus haut, depuis 1950, elles gardent toujours leur nationalité. Il y a quelques années, elles vivaient seules avec leur famille dans cette zone. Par la suite, d’autres familles, dont des nomades, sont venues s’installer dans leur quartier, érigeant de nouvelles habitations au côté des leurs. Leur nombre a sensiblement augmenté dans ce même quartier, disputé aussi par les trafiquants de voitures.
Sur place, de nombreuses carcasses de véhicules, volés et «désossés», côtoient la tôle et le zinc de ces constructions précaires. Les policiers de la commune précisent que ces véhicules ont été volés, entièrement dégarnis et abandonnés sur les lieux. Il s’agit, selon ces mêmes policiers, de véhicules volés ailleurs et transportés jusque là puis «désossés», les pièces récupérées étant écoulées pour être revendues par des receleurs.
Tout ce monde vit en «cohabitation» dans le quartier, envahi et défiguré par des dizaines de baraquements. Les policiers y effectuent des patrouilles régulières, pour assurer le bon ordre et la sécurité.
Les gitanes, vivant en communauté et tenant à conserver leur mode de vie, évitent de se «mêler» aux autres familles. Leur activité ne semble pas interdite ; en effet, la mendicité est prohibée et punie par la loi mais, ce n’est pas le cas pour ce genre d’activité, rappellent les policiers. Selon eux, ce commerce n’est pas réprimé en tant que tel.
Elles sont aujourd’hui quelque soixante gitanes qui pratiquent, durant la journée, dans les artères marchandes d’Alger, avant de réintégrer leur foyer, où les attendent mari et enfants. La tradition veut, en effet, que l’époux, restant au logis, ne travaille pas et que la gestion financière leur revienne, à elles, exclusivement.