Nous sommes dans une situation paradoxale : la résolution du Conseil de sécurité, tant recherchée et si âprement négociée, n'arrêtera pas la guerre. Pourtant, la 1701 a été saluée par tous les partenaires actifs des belligérants et acceptée par le Liban, Hezbollah compris, et par Israël, avec certes moins d'enthousiasme.
Le jour de l'adoption du texte franco-américain, Israël entreprend une offensive de plus grande ampleur au Sud-Liban avec un effectif triplé. Il se donne vingt-quatre heures pour approuver une résolution de l'ONU qui ne s'impose pas de délai de mise en application.
Il est peu probable que la force d'interposition renforcée soit mise sur pied dans un délai qui gênerait Israël dans la mise en œuvre de son nouveau plan prévoyant plusieurs semaines d'opération. La durée de la guerre dépendra, en fait, de l'état des forces du Hezbollah, puisque l'objectif de les réduire semble primer, aux yeux des stratèges israéliens : ils ont déjà averti qu'au cours de l'offensive qui débute, les troupes israéliennes pourraient traverser le Litani et que des plans existent pour aller loin vers le Nord.
Le Hezbollah n'ayant que le choix de s'opposer de la manière la plus vive à l'avancée de l'armée israélienne, seules les pressions internationales, dont on a vérifié l'inefficacité, peuvent désormais freiner l'ardeur offensive de l'armée israélienne. En d'autres termes, la guerre a encore de beaux jours devant elle. Et ses conséquences humanitaires aussi.
Les puissances qui font la réalité de la communauté internationale n'ont pas le choix : elles préféreraient que la tâche de repousser le Hezbollah vers le Nord soit assumée par Israël que d'avoir à prendre le risque d'un face-à-face entre une Finul renforcée et un Hezbollah revigoré par une retraite israélienne.
Un accord définitif entre l'État libanais et l'État israélien reste très éloigné : Kofi Annan a un mois pour faire des proposition au sujet des fermes de Chebaa. Même si elle ne gêne pas un éventuel cessez-le-feu, la procédure suspendra l'accord global.
Le monde risque de se voir impuissant à imposer une paix qu'il a décrétée, mais il risque surtout d'assister à une catastrophe humanitaire prolongée. Israël, qui semble avoir intégré dans sa stratégie militaire la privation alimentaire et médicale de la population libanaise, continue à entraver le transport de denrées et de médicaments. Il s'applique à bombarder, depuis peu, les ponts de fortune bricolés sur le Litani. L'offensive terrestre “de grande envergure” bénéficiera d'un soutien aérien et maritime, prévoit-il, dévoilant que les bombardements des villes et villages libanais continuent. Et continuent leurs lots de victimes et de souffrances.
Les Nations unies ont voté un cessez-le-feu ; il reste à le réaliser. Tout indique que, pour les civils libanais, le cauchemar continue.