Cavalli, là, tu commences...
...à me plaire !
Bien sûr qu’il ne faut jamais rien comparer à rien. Bien sûr que l’Algérie et la France, c’est deux réalités différentes. Même si ça n’a pas toujours été le cas. Bien sûr encore que les climats n’ont rien à voir. Bien sûr qu’il pleut en ce moment sur Paris alors qu’il fait un soleil éclatant sur Alger. Mais de temps à autre, certains parallèles sont stupéfiants, abracadabrantesques d’enseignements. Je vous en donne un exemple frappant et d’une actualité immédiate : le 7 septembre prochain, à l’Assemblée nationale française, un texte portant privatisation de G. D. F., Gaz de France, sera débattu par les députés. Eh bien, figurez-vous que ce texte a déjà suscité de la part des élus du peuple français un certain nombre de propositions d’amendements. De manière un peu sadique, j’ai écrit «un certain nombre d’amendements ». Vous voulez connaître le nombre exact d’amendements ? Vous voulez vraiment savoir ? Bien sûr ! Sinon, pourquoi vous bassinerais-je avec depuis tout à l’heure, en tentant d’entretenir le suspense ? Allez ! Je vous le donne : cent mille ! Je le réécris en chiffres, au cas où vous douteriez de la transcription en lettres : 100 000 amendements. Dont quatre-vingt mille (80 000) sont à mettre sur le compte du seul PCF, le Parti communiste français. En fait, à travers ces deux chiffres, il ne s’agit pas de s’extasier devant un alignement de zéros, ni de s’interroger sur le fait qu’il s’agit là d’un record en matière d’amendements à un texte de loi. Non ! Ce que je retiens des cent mille amendements déposés par l’opposition parlementaire française, c’est que des députés ont lu le texte portant privatisation de GDF, l’ont relu, l’ont disséqué, l’ont radiographié, l’ont scanné, l’ont « I.R.Misé», l’ont analysé, l’ont avalé, l’ont mâché et l’ont digéré avant de le bombarder d’amendements. Ces députés-là qui infligent à un projet de loi gouvernemental 100 mille amendements ne doivent pas se préoccuper seulement de leurs indemnités et des prêts voiture et construction qu’ils se votent, le doigt sur la couture. Ces députés-là méritent pourtant tous les prêts et privilèges du monde, car ils ont travaillé ! Et mon propos, bien évidemment, comme d’habitude, ne vise personne en particulier. Je fume du thé et je reste éveillé, le cauchemar continue.