Un colloque consacré au « rôle de la société civile dans la prise en charge des femmes victimes de violence extrême », organisé par le Centre de liaison pour l’emploi et la formation (CLEF), ONG française, en collaboration avec la Société algérienne de recherche psychologique (SARP), qui devait se tenir jeudi dernier à Alger, a été empêché par les forces de sécurité.
Selon les organisateurs, le motif invoqué par la police pour cet empêchement est « l’absence d’autorisation ». Financé par la Commission européenne, ce colloque devait se dérouler dans la salle EGT centre, propriété privée, située à côté de l’hôtel Sofitel à Alger. La salle a été louée par la Sarp, qui a signé mercredi dernier une convention avec le CLEF. « Jusque-là, des centaines de séminaires ont été organisés dans la même salle par plusieurs organismes et organisations de tout genre, notamment par la Sarp, et il n’a jamais été question de demander une autorisation pour ce faire, car c’est un domaine privé », dénonce Houria Saouchi Yaha, directrice de CLEF à Paris, précisant qu’aucun autre motif n’a été allégué par les services de sécurité. « Apparemment, la décision a été prise sur la base d’un article paru dans un journal arabophone, selon lequel un séminaire secret autour des victimes du terrorisme se tiendra aujourd’hui (jeudi, ndlr) dans cette salle », tente-t-elle d’expliquer aux nombreuses femmes militantes venues des quatre coins du pays. Mme Saouchi Yaha se dit n’avoir pas compris les motivations d’une telle décision, mis à part qu’il y a, maintenant, des « restrictions » imposées par les textes de la charte pour la paix et la réconciliation nationale, qui interdisent tout débat sur ce qui s’est passé pendant la dernière décennie. « Pourtant, souligne-t-elle, il s’agit de relater les résultats du projet Anima, lancé en Algérie depuis 2002. » Ce projet, soutenu par la Commission européenne, vise à apporter l’aide nécessaire pour la réinsertion professionnelle des femmes algériennes victimes des violences terroristes. L’opération a touché les régions les plus attristées par la bête immonde, notamment Médéa, Chlef et Sidi Moussa (Alger). La police a coupé l’électricité avant de sommer les organisateurs ainsi que les invités de quitter la salle. La directrice de CLEF à Paris qualifie cela de « lamentable ».